16 novembre 2018

Tchad : le manque cruel de manuels scolaires

Selon l’UNESCO, au Tchad les manuels scolaires sont repartis comme suit :

  • Français : 3,3 élèves/manuel ;
  • Mathématique : 4,2 élèves/manuel ;
  • Science : 11,1 élèves/manuel ;

Je doute souvent des chiffres et statistiques qui sont publiés par des organisations, mais ceux-ci, je peux vous les confirmer.

Aujourd’hui si l’on parle de la baisse de niveau au Tchad, je pense que c’est ce manque qui en est à l’origine. Durant tout mon cursus scolaire, jusqu’au lycée, je n’ai jamais lu un livre. Toutes mes lectures se résument aux révisions de mes cours, que j’ai écrits de ma propre main, qui ressemblent à des pattes de fourmis, et qui sont bourrées des fautes.

À l’époque, on partageait le manuel de français (Mariam et Hamidou) par table-banc de quatre, voire cinq personnes dans certaines classes. À la fin des cours, tous les manuels sont collectés et entreposés dans un endroit sûr : le bureau du directeur.

Dans mon école, il y avait quatre centres qui ont des classes respectifs du CP1 au CM2. Deux centres le matin, et deux autres dans l’après-midi, l’ordre changeait toutes les semaines. Il n’y avait pas une salle de classe qui comptait moins de 70 élèves.

Les manuels de calcul, science de la vie et de la terre, et autres sont réservés aux instituteurs. Si vous voyez un élève avec un manuel, soit il a un riche parent pour lui acheter, même s’il est inscrit dessus ‘’VENTE INTERDITE’’. Ou bien il a un parent qui est enseignant ou membre de l’administration quelque part, et qui lui en a dérobé un, ce qui peut se traduire par ‘’détournement de bien public’’. Ou plutôt il l’a gagné lors des remises des carnets de notes, ou peut-être il l’a volé, parce qu’à l’époque, on volait même nos cahiers.

Même certains instituteurs n’ont pas accès à tous les manuels. Je les voyais souvent dispenser les cours avec leurs vieux cahiers. Certains prêtaient le manuel, et préparaient les cours sur des cahiers de notes. Et d’autres faisaient une descente aux rares bibliothèques, pour préparer les cours.

Malgré toutes ces difficultés, on a été à l’école, on a appris à lire et écrire, même si certains nous traitent de nuls parce qu’on commet des fautes grammaticales en écrivant ou en s’exprimant. Ce n’est pas de notre faute. On n’a pas fait les mêmes écoles, et on n’a pas eu les mêmes opportunités. Notre école on la complète avec le cinéma. Malheureusement au cinéma, on ne met jamais le film en pause pour lire les sous-titres. Lire et écrire, pour nous c’est suffisant, la perfection viendra avec le temps.

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